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HOMO-AMOUR

A la mort de Jonathan, David pleure en murmurant ces merveilleuses paroles :

« Je suis en détresse à cause de toi, mon Jonathan, ton amour était pour moi plus merveilleux que l’amour des femmes. » ( Samuel 1, 26)

Le sexe a toujours été haï par les religions monothéistes, à tel point que pour stigmatiser une passion amoureuse, c’est par le sexe qu’on la condamne -comme si l’exclusive entre deux êtres, que ce soit l’attirance hors société d’un homme et d’une femme, ou l’attirance encore plus hors société entre deux hommes ou deux femmes, si elles ne s’inscrivent dans la convention sociale constructive, immanquablement par le sexe leur « faute » sera sanctionnée !

On est dénoncé comme homo-sexuel et non comme homo-amoureux. Puisque, au lieu de magnifier le sexe tel qu’il est vécu par la grâce de l’amour (c’est-à-dire « humainement » comme un art), on ne veut voir en lui que l’expression indéracinable d’une bestialité dont les masques civilisateurs prétendent débarrasser la bête humaine qui pourtant gronde sourdement chez tout les censeurs.

Bien sûr, l’amour est dévastateur s’il tente de survivre dans une société qui s’affaire car il ne produit rien. L’amour est divinement stérile. Il ne produit que de l’amour ! Et l’amour dans une société constructive est in-quantifiable puisqu’en ne produisant que de l’amour, il se passe des balances marchandes !

Affublée de ses masques que sont ses vêtements et les signes des ses multiples honneurs… la « bête humaine » a toujours prétendu se reproduire angéliquement. Le sexe n’est qu’un avatar inconvenant, au même titre que les autres fonctions plus ou moins honteuses dont on ne parle pas (et que même le Dieu des monothéistes, tout au long de l’Ancien Testament, s’excuse de n’avoir pu faire autrement que d’en accabler la bête humaine).

L’homme et la femme mécaniquement complémentaires doivent vivre dans la honte de leur nudité, dans la honte de leurs appétits gourmands qu’ils soient sexuels ou gustatifs, dans la honte des multiples plaisirs dont se nourrissent leurs esprits et leurs corps, et surtout dans la honte d’un sentiment qui ne devrait être que désincarné : l’Amour avec sa ridicule majuscule qui le désincarne !

Alors que l’amour est à la fois gourmandise, sexe, joie, plaisir, folie, jeunesse, rires… et même aussi parfois bonheur des pleurs ensemble !

Mais bien sûr, aucune société dite civilisée n’a jamais pu se construire sur de telles « valeurs » ! Et ceux qui ne se guident que sur leurs penchants en doivent être sévèrement exclus. En premier lieu les couples volontairement stériles, lesquels en ne produisant pas d’enfants ne donnent évidemment pas prise aux multiples chantages inventés par le consensus social pour les maintenir dans les formes nécessaires à la production des biens et des forces qui permettent à toute les sociétés d’être compétitives dans les guerres perpétuelles qui opposent les humains aux humains.

Alors être homo-amoureux dans cet univers de compétition, de refus de l’autre, de guerre et de haine, c’était atteindre une dimension d’universalité en quelque sorte philosophique. Jonathan et David, par leur homo-amour, faisaient mentir la Bible des patriarches. Et c’est parce que leur homo-amour était dévastateur pour les « valeurs » testamentaires que le roi-père Saül a maintes fois tenté de transpercer traitreusement David de sa lance. Car l’amour entre deux hommes, par sa belle « féminité », mettait en danger sa foi dans les « valeurs » compétitive (à la fois guerrières et marchandes) que doivent forcément se porter les humains s’ils veulent étendre leur hégémonie sur tout ce qui essaie de vivre sur cette maudite planète.

Admirables dissidents que David et Jonathan ! Traitres merveilleux aux valeurs patriarcales !

En n’ayant ni peur ni honte d’être différents, ils se rangeaient du côté féminin de ces dissidentes que sont et ont toujours été les femmes ! En revendiquant l’amour avant le sexe, en étant des homo-amoureux et non des homo-sexuels tels que le Père les a toujours stigmatisés par la honte du sexe-honteux des monothéistes, ils inventaient le chemin d’une société enfin délivrée des horribles préjugés qui conduisaient au bûcher les « sorcières »

-puisque toutes femmes, libres d’aimer ou de s’aimer entre elles, étaient sorcières- ainsi que les homo-humains libres de s’aimer indifféremment.

Vous qui contestez les « valeurs » sanglantes de ce monde régi par le masculin, ne vous pliez pas à ses « valeurs » !

Pourquoi vous marier avec lui ?

Restez dans la dissidence si vous souhaitez l’inventer meilleur !

Serge Rezvani

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